L’unité en question

Noble ambition que celle-ci ! Jésus a effectivement prié afin que ses disciples soient un comme lui et le Père sont parfaitement un. Jésus a aussi déclaré que c’est ainsi en constatant l’unité et l’amour de ses disciples que le monde croirait que c’est bien le Père qui l’a envoyé, lui, le Fils de Dieu.
Seulement voilà, de quelle unité s’agit -il ?
D’une unité basée sur des alliances entre des fédérations ou dénominations d’églises ? D’une unité qui gomme les divergences doctrinales et met en second plan tout ce qui a trait à la doctrine biblique ?
D’une unité de papier où des responsables s’engagent sur une charte commune ?
Je crois qu’il est tout d’abord crucial de remarquer que Jésus a prié pour ceux qui ont gardé la Parole de Dieu : «Ils ont gardé ta Parole» (Jean 17 : 6). L’unité des disciples passe donc avant tout par cet amour commun pour la Parole de Dieu qui est la Vérité, sachant que c’est l’amour de la Vérité qui nous mène au salut.
La Parole de Dieu doit donc avant tout faire autorité en toutes choses et pour tout sujet. Il ne s’agit pas de défendre des vues personnelles ou des avis particuliers mais plutôt d’accepter de façon commune ce que la Bible, Parole de Dieu, déclare de façon indiscutable car «toute Ecriture est inspirée de Dieu pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre» (2 Timothée 3 : 16).
Reconnaissant que «c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu» (1 Pi. 1 : 21).
Nous refusons de remettre en question le moindre détail des Ecritures, mais nous cherchons seulement a en comprendre pleinement le sens véritable, de saisir la pensée de Dieu qui ne peut être l’objet d’interprétations particulières car la pensée de Dieu est une, Dieu ne pouvant se contredire.
Quelle était l’attitude des premiers disciples face à des questions contradictoires ?
Regardons en Actes 15 ce qui nous est rapporté au sujet du premier concile de Jérusalem. La question était primordiale : fallait-il ou non que les païens convertis soient circoncis pour être sauvés ?
Comment l’affaire s’est elle réglée ? Il fut organisé une réunion de toute urgence pour trancher la question. Après un moment de discussion animée dans laquelle, comme à l’accoutumée, devait se trouver les totalement contre, les totalement pour, les indécis, les neutres et les perplexes, l’apôtre Pierre prit la parole avec l’autorité que le Seigneur lui avait conférée de sorte que toute l’assemblée garda le silence (suite à son intervention). Puis ce fut au tour de Jacques de s’exprimer avec force en rappelant les textes des Ecritures qui pouvaient permettre d’avoir une certitude concernant la question abordée.
Le résultat : on se rangea immédiatement à l’avis des apôtres car il était clair qu’ils avaient dévoilé la pensée de Dieu et qu’il aurait été coupable de vouloir poursuivre les discussions.
Quelle différence avec nos débats interminables dans lesquels on semble s’enliser dans toutes sortes d’argumentation plus embrouillées les unes que les autres. La Parole de Dieu se fait-elle entendre au travers d’un frère? On passe outre continuant à vouloir examiner ce qui pourtant venait d’être énoncé clairement.
Et voilà bien la grande différence entre l’unité vécue par les premiers disciples et l’unité que nous essayons aujourd’hui de mettre en place. Les premiers disciples se ralliaient, à l’unanimité et sans discuter, à ce qui se présentait avec clarté comme le conseil de Dieu alors que nous cherchons surtout aujourd’hui à laisser la parole à tout le monde, personne n’ayant tout à fait tort ni tout à fait raison : il faut respecter les sensibilités de chacun disons-nous et les différences d’interprétation. Où cela nous conduit-il ?
A une unité de façade, de surface ! On discute, discute et chacun s’en retourne avec la même opinion, libre de croire ce qu’il veut et de prêcher ce qu’il veut.
Les Pierre et les Jacques semblent nous faire terriblement défaut. A l’heure où sur bien des points et bien des phénomènes une parole claire devrait retentir pour que l’Eglise ne ressemble pas à une armée désorganisée mais à un peuple discipliné.
L’unité, la vraie, c’est celle du coeur, c’est celle de l’esprit, par l’Esprit. Ce n’est pas le fruit de maintes et maintes cogitations. L’unité est naturelle entre ceux qui s’accordent sur ce que la Bible enseigne.
A l’heure où les pays membres de le CEE cherchent l’unité en créant des alliances de fer et d’argile, à l’heure où la religion officielle s’efforce de créer des rapprochements avec les autres religions en vue d’une certaine unité, on peut s’interroger sur les intentions de plus en plus pressantes à créer une unité à tout prix comme s’il y avait une espèce de phénomène mondial auquel il fallait s’associer consciemment ou inconsciemment.
L’unité des disciples est capitale. C’est vrai ! Mais répétons-le : la base de l’unité, la force de l’unité, du moins de l’unité selon Dieu, c’est la vérité, c’est la Parole de Dieu. Bien sûr, l’unité implique le renoncement à soi-même, à ses intérêts personnels, à ses ambitions. Elle implique l’écoute respectueuse de l’autre, la soumission mutuelle, la manifestation de la sagesse d’en-haut, qui est pure, pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie (Jacques 3 : 17).

L’unité ne saurait être le fruit de «tractations politiciennes» entre églises, mouvements ou fédérations d’églises. L’intention peut être bonne, et elle est excellente, mais le raisonnement pour parvenir au but peut être erroné, les méthodes humaines, charnelles, venant se substituer aux principes divins.
Nous voulons vivre la pleine unité ! Dans ce cas ne discutons plus la Parole de Dieu, mais acceptons sa parfaite autorité dans nos vies et nos églises.

article de Jean-Louis Bulté/paru dans le n°33du Sarment

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