Le prix pour transmettre la vie

JEROME/2.

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Lorsque mon champ d’activité s’est élargi, j’ai constaté que cette profonde dépression est le problème n°1 de nombreux chrétiens. Pendant les camps ou les week-ends de jeunes, j’ai découvert que des sourires courageux cachaient souvent des cœurs qui souffraient, et en écoutant des récits douloureux, j’ai pu dire : “Oui, je sais tout cela. J’ai souvent éprouvé ce sentiment de désespoir, indéfinissable, mais pourtant tragiquement vrai”.

Relisant la Parole de Dieu, je m’aperçois que les hommes dont Dieu s’était beaucoup servi en savaient long sur cette dépression. Moïse fut un homme de Dieu remarquable. Dieu s’était servi de lui pour libérer de la servitude une foule d’esclaves rebelles, et pourtant dans un moment de dépression, il dit à Dieu : “Je ne puis pas, à moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi. Plutôt que de me traiter ainsi, tue-moi, je te prie … et que je voie pas mon malheur…” (Nb 11/14).

Elie avait été un magnifique témoin de Dieu face à l’opposition des prêtres de Baal. Pourtant, soudain, il s’effondra, prit la fuite devant Jezabel qui en voulait sa vie, et s’assit sous un genêt, priant Dieu de lui ôter la vie : “C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme …” (1 Rois 19/4).

Par le ministère de Jonas, toute une ville s’est tournée vers Dieu, et a été sauvée. Pourtant Jonas fit lui aussi la même prière : “Maintenant, Eternel, prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie” (Jonas 4/3).

Et pourtant Dieu s’est merveilleusement servi de chacun de ces hommes et ils auraient dû être remplis de joie. Apparemment, ils n’avaient aucune raison d’être découragés.

La dépression et le découragement semblent être les armes favorites du malin. Personne n’en est exempt, mais il semblerait qu’il se serve de cette arme contre ceux qui se sont activement engagés au service de Dieu, des hommes et des femmes chez lesquels il discerne de grandes capacités latentes. Esaïe écrivait à propos du serviteur de l’Eternel : “Et moi j’ai dit : c’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force” (Esaïe 49/4). Parlait-il de son propre ministère, ou bien faisait-il allusion à celui du Seigneur ? S’il parlait du Seigneur, c’est que celui-ci avait éprouvé la souffrance d’un cœur brisé lorsque, apparemment, le ministère ne portait pas de fruits; cependant, lui était sans péché et persévéra jusqu’à la victoire finale.

Personnellement, je trouve que cette tendance au désespoir constitue l’un des meilleurs tests pour juger une œuvre qui a été accomplie pour Dieu. C’est un sentiment auquel tous ceux qui travaillent dans les pays musulmans ont à faire face continuellement, mais ils ne sont pas les seuls à l’éprouver. Il est bien plus difficile de supporter cet état que d’affronter une opposition ouverte ou une souffrance physique. Ces dernières peuvent provoquer le découragement mais la dépression qui mène à l’abattement total est bien plus profonde.

Paul écrit à propos de sa propre expérience : “…Ayant ce ministère, selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage” (2 Cor. 4/1). Plus loin, dans le même chapitre, il répète : “C’est pourquoi nous ne perdons pas courage” (v. 16). Au milieu de ce chapitre admirable, il donne la raison de sa confiance, le moyen par lequel il a surmonté la tendance au désespoir et à l’abattement. La version Le Livre propose la traduction suivante des versets 8 et 9 : “Nous sommes pressés de toutes parts par les difficultés mais nous ne sommes pas écrasés ni anéantis. Nous sommes perplexes parce que nous ne connaissons pas le pourquoi des évènements, mais non désespérés. Nous sommes pourchassés, mais Dieu ne nous délaisse jamais. Nous sommes terrassés, mais nous nous relevons et continuons”. Paul brosse quatre tableaux dans son langage : celui d’un soldat engagé dans une guerilla, celui d’un voyageur embarrasé pour choisir un chemin, celui d’un réfugié que Dieu ne délaisse jamais, et le paroxysme est atteint dans l’image du boxeur qui est souvent envoyé au tapis sans pour autant être mis hors de combat. Maintes et maintes fois Paul se trouvait terrassé, mais il se relevait et continuait le combat. Et il tire lui-même la leçon de toutes ces images au verset 12 : “Ainsi la mort agit en nous, et la vie en vous.”

Nous avons à payer le prix si nous avons à transmettre à d’autres la vie de résurrection de Jésus-Christ. L’expérience montre qu’il n’y a jamais communication de vie nouvelle sans souffrance personnelle de la part du serviteur. Si nous ne nous tenons pas fermement à ce principe fondamental du service, il nous arrivera souvent d’être découragés et abattus. En jetant un coup d’œil sur les cinquante années que j’ai déjà passées à servir Dieu, j’aperçois une longue suite de coups apparemment du genre à mettre “KO”, mais qui, par la grâce de Dieu, ne furent que des coups qui mettent à terre. À chaque fois, j’ai dû me relever, surmonter la tendance au désespoir, me remettre au combat et, avec le temps, il s’est avéré que chaque coup ayant provoqué une chute avait été l’occasion d’étendre mon champ d’activité.

 

Seigneur, tu connais cette crainte si profonde, cette frayeur qui paralyse et envahit mes pensées, mes actes;

Tu connais cette désolation si pénétrante, cette panique qui engourdit, la peur irraisonnée

Qui étouffe toute force créatrice, toute parole d’amour, tu connais tout cela, Seigneur.

Seigneur, tu connais l’angoisse d’être isolé, cette solitude qui envahit tout mon être;

Tu connais le désespoir d’être quitté par ses amis, d’être méprisé et cruellement attaqué,

Ces mots qui semblent ôter toute valeur à l’amour. Tu connais tout cela, Seigneur.

Seigneur, tu connais la crainte de ne pas être accepté, lorsque la confiance n’est plus et que la vie semble rude, sans chaleur,

Tu connais la crainte de ne plus rien valoir, un être humain débordant de vie — mais déjà mort,

Car la confiance a disparu et la puissance d’avant semble perdue. Tu connais tout cela, Seigneur.

Seigneur, tu connais les sombres présages de l’avenir, l’effroi de rester seul, le besoin d’être aimé;

Tu as revêtu la nature humaine, tu comprends notre faiblesse, mais tu nous as promis ta force inébranlable pour tenir le coup.

Tu connais tout cela, Seigneur, et tu prends soin de nous.

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.extrait de “Passer à l’action”, éditions FarelCharles Marsh, extrait de “Passer à l’action”, éditions Farel

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